NTIC et intelligence artificielle

Après la grande mutation numérique amorcée dans les années 2000 par internet, l’économie actuelle amorce la révolution 4.0 avec l’introduction de l’intelligence artificielle (IA).

L’IA consiste en une collecte massive de données (le big data) permettant d’élaborer des statistiques de comportements plus ou moins prévisibles, dans le but de rentabiliser la productivité d’un service ou de traiter avec davantage d’efficience des process qui pourraient présenter par nature une dimension automatisée.

L’instrument élaboré pour centraliser les données et en ressortir des outils de calcul de probabilité ou des résultats escomptés est l’algorithme.

Certains parlent même de robots susceptibles de remplacer l’homme au travail pour l’application de certaines tâches.

Pourtant les spécialistes sont bien loin de ces constats.

Si l’intelligence artificielle est remarquable d’efficacité dans les process où l’émotionnel et l’accident ne peuvent pas entrer en ligne de compte, elle ne peut pas organiser les politiques managériales qui par nature sont liées à l’humain.

Pour autant, certaines sociétés ont mis en place ce type de management par le nombre sans prise en considération des contraintes de service, générant souffrance au travail. Ainsi, le modèle de la tarification à l’acte à l’hôpital public est en train de montrer son aspect pervers, de même que la quantification du travail à La Poste (temps calculé pour la distribution du courrier par exemple). Les calculs d’effectifs en parallèle de ces statistiques, sous couvert de lean management, ont ainsi considérablement augmenté les cadences des travailleurs, de même la cadence globale de l’économie stimulée par l’e-commerce et les nouveaux modes de consommation, de sorte qu’on demande de travailler avec un rythme plus soutenu et moins de monde.

Au-delà, l’absence de prise en considération de l’émotionnel, considérée par certaines théories managériales comme superflue au travail, fait que les politiques managériales d’ultra-rentabilité se sont substituées lentement mais sûrement aux réflexions de gestion de carrière en adéquation avec le marché.

Le débat sur « l’ubérisation » de l’économie, posé dans la récente étude annuelle du Conseil d’Etat oblige à concilier un impératif de progrès économique avec la préservation de l’éthique au travail : jusqu’où doit aller la recherche de rentabilité ?

Les réflexions suscitées par le big data interrogent également la question de la préservation des données personnelles, du respect de l’individualité et de l’intimité, à l’heure où les fake news influencent le comportement des opinions ou de la consommation et où les experts alertent sur « les pirates de l’attention » ou comment les réseaux sociaux absorbent la notion de cadence, d’opinion générale et d’originalité.

Quelle est encore la place de l’individu si la société est structurée selon un modèle quantifiable et reproductible ? Quelle est la place accordée à l’élément vulnérable ou fragilisé dans un système favorisant l’automatisation ?

La récente mise en demeure adressée par la CNIL au Ministère de l’Education nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche pour avoir organisé l’accès aux études supérieures par la seule application d’un algorithme ne prenant pas en considération les spécificités de l’étudiant en tant qu’individu rappelle les notions fondamentales d’éthique et de prise en considération de l’humain dans sa spécificité.

ARMIDE, sensibilisé aux questions soulevées par l’intégration de l’intelligence artificielle dans la sphère du travail, conseille et assiste les services et entreprises dans leurs chartes de respect des données personnelles et étudie la mise en place des process automatisés au prisme de l’équilibre avec le respect et la protection du capital humain.

Au-delà des seules questions posées par le télétravail, la numérisation des tâches ou le progrès offert par l’intelligence artificielle, ARMIDE réfléchit, avec les acteurs de cette nouvelle révolution, aux conséquences générées sur l’emploi public et privé afin d’associer les travailleurs aux outils mis en place pour les soutenir, sans les remplacer.